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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/243

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semblaient à ces phosphores qu’on aperçoit la nuit dans les cimetières. Les uns étaient plongés dans une profonde rêverie ; les autres écumaient de rage et couraient de tous côtés comme des tigres blessés d’un trait empoisonné ; tous s’évitaient ; et, quoiqu’au milieu d’une foule, chacun errait au hasard, comme s’il avait été seul.

À l’aspect de cette funeste compagnie, Vathek et Nouronihar se sentirent glacés d’effroi. Ils demandèrent avec importunité au Giaour ce que tout cela signifiait, et pourquoi tous ces spectres ambulants n’ôtaient jamais leur main droite de dessus leur cœur. Ne vous embarrassez pas de tant de choses à l’heure qu’il est, leur répondit-il brusquement ; vous saurez tout dans peu : hâtons-nous de nous présenter devant Eblis. Ils continuèrent donc à marcher à travers tout ce monde ; mais, malgré leur première assurance, ils n’avaient pas le courage de faire attention aux perspectives des salles et des galeries, qui s’ouvraient à droite et à gauche : elles étaient toutes