Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/254

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eux s’embrassaient avec beaucoup d’attendrissement. En voyant entrer le Calife et la fille de Fakreddin, ils se levèrent civilement, les saluèrent et leur firent place. Ensuite, celui qui paraissait le plus distingué de la compagnie, s’adressant au Calife, lui dit : Étranger, qui sans doute êtes dans la même horrible attente que nous, puisque vous ne portez pas encore la main droite sur votre cœur ; si vous venez passer avec nous les affreux moments qui doivent s’écouler jusqu’à notre commun châtiment, daignez nous raconter les aventures qui vous ont conduit en ce lieu fatal, et nous vous apprendrons les nôtres, qui ne méritent que trop d’être entendues. Se retracer ses crimes, quoiqu’il ne soit plus temps de s’en repentir, est la seule occupation qui convienne à des malheureux comme nous.

Le Calife et Nouronihar consentirent à cette proposition et Vathek, prenant la parole, leur fit, non sans gémir, un sincère récit de tout ce qui lui était arrivé. Lors-