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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/120

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Tandis que tout le monde se livrait à la joie, la nuit était venue, et Colomb, qui avait annoncé que la terre serait en vue au point du jour, Christophe Colomb, et non pas un autre, aperçut à l’ouest dans une obscurité profonde, une lumière qu’il fit remarquer seulement à quelques hommes de confiance.

Il rassembla ensuite l’équipage et, avec l’émotion qu’on peut croire, il fit chanter le Salve Regina, suivant l’usage quotidien.

Les caravelles allaient lentement, par précaution, sauf la Pinta, qui avait gardé un peu plus de toile que les autres, lorsque, à bord de ce navire, au milieu du silence le plus profond — personne ne dormait cependant — un coup de canon retentit.

Cette terre, que je ne veux pas encore appeler du nom qu’elle doit à l’ingratitude, cette terre, qu’une flamme, avait déjà révélée à Colomb, elle venait d’être signalée par un matelot de la Pinta nommé Juan Rodriguez Bermejo. |

L’Amiral, tombé à genoux, les mains levées au ciel, les joues inondées de larmes, entonnait le Te Deum, répété d’une seule voix par les trois caravelles.

La prière dite, il se releva seul, tout l’équipage était aux pieds de l’homme de génie, du père, et Matheos baisait les mains de l’Amiral, du grand Amiral, don Christophe Colomb, vice-roi et gouverneur perpétuel de toutes les îles, terres fermes, etc., etc.