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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/126

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D’abord, il parut n’éclairer qu’une solitude. Des prairies, des lagunes semées d’ilots de sable, de grands bosquets d’arbres d’une belle venue, mais point d’animaux privés où sauvages, point d’habitations humaines, et aucune trace, soit de culture, soit d’industrie.

Bientôt cependant, en s’approchant davantage, on distingua quelques habitants entièrement nus, qui, à la vue des navires, se retirèrent sans trop de précipitation dans les fourrés.

On jeta l’ancre ; les chaloupes furent mises à la mer. Colomb y descendit, suivi de son état-major, comme lui en grande tenue, et, peu d’instants après, il pressait enfin de ses genoux, il baisait amoureusement cette terre, de toute éternité promise à sa foi et à son génie.

La navigation avait duré du 3 août 1492 au 12 octobre de la même année : soixante-dix jours, dont trente-cinq environ de perdus, par suite de la relâche forcée aux Canaries.

Christophe Colomb, quand il prit possession du nouveau monde, ne se souvint que de ce qu’il devait à Dieu d’abord, et ensuite à l’Espagne. Il harangua ses compagnons avec cette éloquence passionnée dont ses ennemis mêmes ont vanté le prestige, et termina en adressant à Dieu une prière, qui, devenue officielle, a été depuis répétée à l’occasion de toutes les découvertes faites par des Espagnols dans l’ancien et le nouveau monde. Il planta ensuite en terre l’étendard de la croix, donna à l’ile le nom de San Salvador, et, tirant son épée, il déclara prendre possession de cette ile « au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour la couronne de Castille ».

Aussitôt, tous les assistants, l’état-major en tête, l’acclamèrent