Aller au contenu

Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Les hommes et les femmes sont nus comme au sortir du sein de leur mère… bien faits du reste, et de visage agréable. Leurs cheveux, gros comme des crins de cheval, tombent par devant jusque sur les sourcils. Par derrière ils en laissent croître une longue mèche… ces cheveux ne sont pas crépus… Ces hommes sont en vérité d’une belle race : ils ont le front et la tête plus larges que les autres naturels que j’ai pu voir dans mes voyages ; leurs yeux sont beaux et grands, leurs jambes très droites, leur taille élevée, leurs mouvements gracieux. Quelques-uns se peignent d’une couleur noirâtre, mais naturellement ils sont de la même couleur que les naturels des îles Canares (les Canaries). Plusieurs se peignent en blanc, en rouge, ou de quelque autre couleur, soit le corps tout entier, soit le visage ou les yeux, ou même seulement le nez. Ils n’ont point d’armes comme nous, et ignorent même ce que c’est. Quand je leur montrais des sabres, ils les prenaient par le tranchant et se coupaient les doigts. Ils ne possèdent point de fer. Leurs zagaies sont des bâtons auxquels s’adapte une dent de poisson ou quelque autre corps dur et aigu.

« Ayant observé que plusieurs avaient sur le corps des cicatrices, je leur demandai par signes comment et par qui ils avaient été blessés, et ils me répondirent, de même, que les habitants des iles voisines venaient les attaquer pour les prendre, et qu’eux se défendaient. Je pensai qu’en effet, on vient de la terre ferme pour les faire prisonniers et esclaves, d’autant qu’ils doivent être des serviteurs fidèles et très doux. Ils répètent vite et facilement ce qu’ils entendent, et je crois qu’il serait aisé de les convertir au christianisme, car il ne me parait pas qu’ils soient d’aucune secte.