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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/134

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« Le samedi 13 octobre, au point du jour, nous vimes accourir sur le rivage beaucoup d’hommes jeunes et d’assez grande taille… ils approchèrent de mon navire dans des pirogues faites d’un seul tronc d’arbre, et travaillées d’une manière surprenante pour un pays si pauvre. De ces pirogues, les unes pouvaient porter de quarante à quarante-cinq hommes ; d’autres étaient moins grandes, et quelques-unes si petites qu’un seul homme y pouvait tenir. Ils n’ont, pour aviron, qu’une sorte de pelle à boulanger, dont ils se servent fort adroitement. Lorsqu’une de ces pirogues vient à chavirer, tous ceux qui s’y trouvent se jettent à la nage, la redressent et enlèvent l’eau qui y est entrée à l’aide de calebasses, qu’à cet effet ils portent attachées au corps… Ayant observé que plusieurs portaient comme ornement un petit grain d’or logé dans un trou qu’ils ont au nez, je parvins à apprendre, toujours par signes, qu’en naviguant au sud de leur île, nous découvririons une terre dont le roi possédait de grands vases d’or et une grande quantité de ce métal… Ayant aussitôt résolu de naviguer dans cette direction, dès l’après-midi du lendemain, je les invitais à m’accompagner, mais ils refusèrent, d’où je compris que, du pays dont ils me parlaient, on venait souvent les attaquer… Les habitants de cette île sont doux : il est vrai que, séduits par les objets que nous leur laissons voir, il arrive parfois que, n’ayant rien à offrir en échange, ils les dérobent et se sauvent à la nage en les emportant : mais ils donnent volontiers tout ce qu’ils possèdent pour nos moindres bagatelles, même pour des morceaux de vaisselle ou de verre cassé : j’ai vu un d’eux donner, pour trois de nos plus petites pièces de monnaie, environ trente livres de coton