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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/141

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Humboldt, avec toute la magie de leurs descriptions, n’ont donné une idée si vive de l’opulente végétation des tropiques.

Un spectacle encore plus merveilleux lui fut bientôt offert par une nouvelle île, qu’en raison de sa beauté il s’empressa de saluer du nom d’Isabelle. Ses habitants l’appelaient Saometo. C’était la plus importante de celles où il eût encore abordé. Il y rencontra de vastes forêts, de grands lacs répandant une fraîcheur délicieuse, des oiseaux aux couleurs plus vives, aux formes plus variées, au chant plus mélodieux.

Les autres animaux y étaient aussi moins rares, d’espèces plus diverses, de plus forte taille, un entre autres, l’iguane, sorte de lézard gigantesque que sa ressemblance avec le crocodile, ou du moins avec les images qu’on en publiait dans le temps, fit prendre un jour pour un de ces affreux sauriens. Heureux d’employer son courage à rassurer ses hommes qu’effrayait toujours l’inconnu, Colomb n’hésita pas à attaquer le monstre ; il fondit sur lui, l’épée haute, le poursuivit jusque dans les eaux d’un lac et ne revint qu’après l’avoir exterminé, à la satisfaction générale. La peau, qui fut rapportée en Europe, avait sept pieds de longueur, dimension à laquelle l’iguane n’atteint plus de nos jours.

Colomb n’en dut pas moins plus d’une fois sourire de ce trophée, quand il sut que ce monstre, d’un si terrible aspect, avec son énorme goître, sa longue et forte queue, son épine dorsale tout entière dentelée en scie, ses griffes mobiles et pointues, est un saurien de mœurs aussi douces que notre lézard de muraille, et tellement ami de l’homme qu’il s’en laisse même manger.

Mais ni ce facile exploit, ni d’autres épreuves plus réelles, ni