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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/142

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tant d’objets nouveaux, qui à chaque pas exerçaient sa pénétration, enivraient ses sens, exaltaient son âme, ni rien enfin de ce qui eût arrêté, ou du moins attardé tout autre, ne faisait oublier à Colomb le but pratique de son entreprise, et les promesses qui lui avaient valu la protection des deux rois. L’or dont il les avait éblouis d’avance, cet or qui devait payer leur concours, et, changé en fer, racheter le tombeau du Christ, voilà ce qu’il ne cessait de poursuivre, sur des indices de plus en plus encourageants.

Les naturels portaient de plus larges plaques du précieux métal. Un d’eux avait promis à Colomb de lui en indiquer soit un gisement, soit un dépôt considérable. Mais, en cette occasion, l’Amiral put reconnaitre le penchant de cette race d’hommes au mensonge, ou du moins à une exagération qui est moins chez eux l’effet du calcul que d’une imagination vive, avec des moyens d’expression bornés.

L’homme n’ayant point tenu parole, Colomb remit à la voile, après deux jours seulement d’attente, et si peu découragé par le fait, qu’il écrivait aux rois : « Bientôt, je le sens, oui, bientôt, j’arriverai aux lieux mêmes où naît l’or. » Il était en effet bien peu éloigné du Mexique ; mais la sanglante conquête de « ces lieux où naît l’or » était réservée à un autre.

En revanche, le 28 octobre, il découvrait la perle des mers, la reine des Antilles, cette île de Cuba dont les merveilles lui firent oublier en un instant tout ce qu’il avait vu jusque-là de plus enchanteur.

La supériorité de Cuba ne consistait pas seulement dans la richesse l’une végétation et surtout d’une flore sans pareilles ; ce