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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/144

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ces mêmes cannibales, objet de terreur pour les naturels des Lucayes, et désignés par eux sous le nom de Caniba.

De CanibaKaniba, Colomb avait fait le pays du Grand Kan, et il faut avouer que bien des étymologistes n’en auraient pas tant demandé pour arriver à la même conclusion. Il envoya donc vers ce souverain une ambassade qui revint, n’ayant trouvé, au lieu de Quinsay et du Grand Kan, qu’un village de cinquante huttes et une population de beaux sauvages, fort accueillants du reste et, comme tous leurs pareils, prenant les Espagnols pour des dieux descendus du ciel.

Plusieurs d’entre eux aspiraient, au moyen d’un double tuyau appliqué aux narines, une herbe sèche qu’ils nommaient tabago, Colomb ne fit nulle attention à cette particularité : il ne pouvait raisonnablement se douter que cette herbe infecterait un jour la terre entière, et serait, pour les possesseurs de l’île de Cuba, une immense richesse.

Quant aux productions utiles, elles étaient nombreuses et abondantes à souhait, Partout on rencontrait des épices de plusieurs sortes, des bois de teinture, du coton à profusion, mais fort peu de cet or à la recherche duquel devaient se concentrer tous les efforts de l’Amiral.

Cette considération le décida à quitter l’île de Cuba, et, dès que le temps le permit, il commença d’en longer les côtes dans la direction du sud-est, à la grande terreur des Indiens. C’était en effet sous ce vent qu’on devait bientôt rencontrer, suivant leur estime, ce pays de Bohio, ou de Babèque, ou d’Haïti, séjour des belliqueux et féroces Caniba. Colomb l’espérait bien ainsi, par les