Aller au contenu

Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à ces régions aurifères le nom de Civaö, il se hâta de conclure de Civaö à Cipango, comme il avait conclu de Kaniba à sujets du Grand Kan.

Or, le plus curieux dans cette méprise, c’est que la véritable île de Cipango, aujourd’hui le Japon, avait alors un Daïri si pauvre qu’il ne put être enterré décemment. En outre, la population de ces îles était immense, belliqueuse, et si peu hospitalière, que loin d’accueillir des étrangers comme des dieux, elle leur eût sans doute interdit l’accès de son territoire.

Colomb était donc beaucoup plus heureux qu’il ne le pensait lorsque, bercé d’illusions fécondes en résultats pratiques, il achevait d’explorer la côte nord-est de Saint-Domingue. Partout, du reste, il recevait le même accueil ; à chaque station se renouvelaient presque identiquement les scènes qu’on a vues plus haut, à cela près que l’or sans être encore prodigué se montrait de moins en moins rare, probablement en raison de l’importance croissante des caciques qui venaient où envoyaient offrir leurs hommages à l’Amiral.

Près d’un fleuve que celui-ci comparé à une mer, en rade de Saint-Thomas, il reçut en présent une ceinture ornée d’une figure d’animal à longues oreilles, et dont la langue pendante et le nez étaient en or battu et repoussé.

À trois lieues de la Punta Santa, dans l’intérieur des terres, un autre chef reçut avec honneur une députation de six hommes venant à lui de la part de Colomb, et il chargea ces envoyés d’offrir à leur maître plusieurs morceaux d’or. Enfin un masque de grande dimension et en partie revêtu de feuilles d’or, fut également offert