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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/166

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confiance de l’Amiral ; son crédit, comme marin, diminua aux yeux des équipages, lorsqu’on s’aperçut que, dans son empressement à recueillir de l’or, il avait négligé de renouveler un de ses mâts devenu insuffisant, et laissé envahir la Pinta par des tarières, qui en avaient fortement endommagé la coque.

Cette dernière avarie, jointe à une voie d’eau à réparer sur la Niña, causa de longs retards à l’expédition de retour, et la livra à des tempêtes que plus de promptitude lui eût fait sans doute éviter.

Pendant les relâches inévitables auxquelles donnèrent lieu ces divers accidents, Colomb ne perdit pas son temps : il explora la côte nord de Saint-Domingue jusqu’au golfe de Samana, et put, en outre, donner une sévère leçon à des naturels de la race des Ciguayens, qui avaient tenté de s’emparer d’un détachement espagnol.

Ce fut le premier sang versé par des Européens dans le nouveau monde ; mais, ici du moins, la cause était juste, et comme il n’y avait pas eu mort d’homme, l’Amiral eut la satisfaction de ne point s’éloigner sans avoir vu la bonne intelligence rétablie entre ces Espagnols et ces sauvages, qu’il regardait tous également comme ses enfants.

Sur ces entrefaites, et pendant qu’il cherchait au sud-est cette île des Amazones, qu’on suppose être la Martinique, le vent s’étant déclaré favorable, il mit enfin le cap sur l’Espagne, au nom de la sainte Trinité, espérant, disait-il, que malgré le délabrement des deux caravelles, le même Dieu qui l’avait amené le ramènerait à bon port.

Le temps, pendant la première semaine, ne fit qu’ajouter à cette