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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/185

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panache blond. Cette plante était le maïs, destiné à changer, en moins d’un siècle, la base d’alimentation des classes pauvres, dans tout le midi de l’Europe.

Sans doute aussi on voyait là, tristement suspendue à ses tiges noircies et flétries, l’humble pomme de terre, dont la culture, introduite en France vers l’année 1580, y embrasse aujourd’hui un million d’hectares.

Ne doutons pas non plus qu’à titre de curiosité, ne figurât parmi ces productions le tabac ; mais il fallut encore près d’un siècle pour généraliser le triple usage de cette herbe, qui rapporte aujourd’hui à notre régie la bagatelle de cent et quelques millions par an. N’accusons donc pas Christophe Colomb de nous avoir fait ce présent, dont il ignorait la valeur, regrettons seulement qu’au lieu des avantages qui devaient si imparfaitement rémunérer sa découverte, il n’ait pas plutôt demandé le monopole des tabacs. De la sorte, et en supposant, par impossible, qu’on eût respecté cette concession dans sa descendance, celle-ci pourrait aujourd’hui accomplir le vœu de son pieux auteur, en achetant la terre sainte aux Musulmans.

Mais la chrétienté le souffrirait-elle ?

De toutes les productions du nouveau monde qui viennent d’être énumérées, les plus dignes d’attention, les épices, entre autres, produisirent le moins d’effet : elles ne payaient pas de mine, autant que, par exemple, la fameuse iguane tuée de la propre main de l’Amiral. Ce monstre si doux, si timide de son vivant, eut un grand succès d’horreur posthume. On admira combien ses dimensions l’emportaient sur celles d’un de ses semblables, lequel avait péri,