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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/218

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qu’il dut renoncer à étouffer de ses propres mains la révolte des Indiens.

Cette révolte était devenue presque générale en présence des divisions et exactions des Espagnols, et surtout de ce Pedro Margarit dont nous avons parlé plus haut. Cet officier s’était mis devant Diego Colomb en état de rébellion presque ouverte, et le père Boïl, après avoir fait cause commune avec lui, avait fini par déserter honteusement sa mission, entraînant à sa suite un certain nombre de mécontents.

Pedro Margarit en avait bientôt eu fait de même, et ses soldats débandés n’ayant plus vécu que de rapines, les Indiens en avaient massacré une bonne partie, s’étant tous ligués dans ce but. Seul, justifiant la confiance de Colomb, Guacanagari avait refusé d’entrer dans cette ligue dont Caonabo était l’âme.

Ayant échoué dans plusieurs attaques, et entre autres devant le fortin, où le fidèle Ojeda s’était jeté avec quelques braves après la défection de Margarit, le seigneur de la Maison d’Or avait fait adopter à ses alliés le projet d’affamer les Espagnols, en cessant de cultiver la terre et en détruisant les récoltes et les semailles.

Instruit de ce plan par Guacanagari, Colomb sentait plus que jamais la nécessité de s’emparer de celui qui l’avait conçu. Ojeda le lui livra pieds et poings liés, grâce à un stratagème qui, en ce temps-là, pouvait passer pour de bonne guerre contre un sauvage coutumier des ruses les plus infernales.

À la nouvelle du fait, cependant, l’île entière se souleva ; mais Barthélemy Colomb, avec cent hommes de pied et vingt chevaux commandés par le valeureux Ojeda, dispersa toute cette multitude.