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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/217

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chère ; il fit un effort surhumain comme s’il eût rompu des chaînes, se dressa sur son séant, ouvrit les yeux, les referma aussitôt en versant des larmes, et laissa retomber sa tête sur la robuste épaule de son frère Barthélemy.

— Il t’a reconnu, dit Diego ; il vivra.

— Il pleure, disait Juan Perez ; il est sauvé.

Colomb était bien sauvé en effet ; pour dominer une situation dont les difficultés n’avaient pas peu contribué à l’abattre, il se sentait comme doublé par la présence de ce frère qu’il savait aussi énergique, aussi intelligent que dévoué.

Barthélemy était en France, où il cherchait un patron à Christophe, lorsque, sur la nouvelle de la nouvelle découverte du nouveau monde, notre roi Charles VIII lui avait fait un présent magnifique, pour qu’il pût sans retard rejoindre son frère en Espagne. Mais, quelque hâte qu’il eût faite, il n’avait pu arriver qu’après le départ de la seconde expédition.

La reine alors l’avait mis en mesure de répondre à l’invitation écrite de l’Amiral, et il avait emporté de la cour l’impression d’un gracieux accueil et l’assurance que son frère n’y avait rien perdu de son crédit.

Ce témoignage fut bientôt confirmé par l’arrivée de quatre caravelles, apportant à la colonie tout ce que son vice-roi avait demandé pour elle, et, en même temps, une lettre et des présents d’Isabelle, où la bonté et la gracieuse prévoyance de cette reine égalaient sa magnificence.

Mais les éléments d’une discorde qu’il avait pu croire apaisée lors de son départ avaient tellement fermenté pendant son absence,