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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/235

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lignes suivantes : « À une heure avancée de la nuit, étant sur le pont du navire, j’entendis comme un rugissement terrible, et comme je cherchais à pénétrer l’obscurité, je vis à l’instant même, au sud, la mer, pareille à une colline de la hauteur du vaisseau, s’avancer lentement vers nous. Au-dessus avec un horrible fracas roulait un courant par lequel je crus certain que nous allions être engloutis. À présent encore, j’éprouve en y songeant un saisissement douloureux. Heureusement, le courant et la montagne d’eau passèrent outre, se dirigeant vers l’entrée du canal, où après avoir tourbillonné quelque temps, elles s’affaissèrent. »

Ce canal dont l’entrée orientale reçut le nom de Bouche-du-Dragon, Colomb n’hésita pas à y pénétrer, peu d’heures après l’énorme masse d’eau qui s’y était engouffrée.

Là, il ne s’expliqua d’abord pas ce dernier phénomène par la crue subite d’un des immenses fleuves qui se dégorgent dans le golfe de Paria. Mais, bientôt, la saveur des eaux et d’autres rapports et indices lui révélèrent l’existence d’un continent que les circonstances ne lui permettaient malheureusement pas d’explorer comme il l’eût voulu.

Il ne s’en éloigna pas cependant sans avoir recueilli de précieuses observations, entre autres celles du courant équatorial dont la découverte lui appartient. On aimerait à croire qu’en ces mêmes parages où il voyait l’emplacement du Paradis terrestre, Colomb aurait aussi découvert le renflement du globe dans la zone équatoriale, mais les termes dans lesquels il s’exprime sur ce sujet ne sont pas clairs. Peut-être a-t-il eu l’intuition d’une vaste mer s’étendant au delà — je dirais au sud — du nouveau continent, ce