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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/236

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qui n’empêche nullement qu’il ne vit dans ce dernier le prolongement de l’Asie. On a pu observer quels concours de circonstances, quels étranges rapports de noms venaient sans cesse le confirmer dans cette opinion, que la vue des naturels devait rendre encore plus plausible.

Ces hommes, dont les traits rappelaient le type hindou et même caucasien, mieux que ceux des Lucaïens et Caraïbes, portaient des turbans d’une étoffe souple et brillante comme de la soie ; leurs mœurs, leurs habitations commodes et même élégantes, ajoutaient à l’apparente signification de cet attribut. Enfin, parmi les productions essentiellement asiatiques de leur pays, il s’en trouvait une qui valut le nom de Golfe des Perles à une large baie où, par parenthèse, rien n’a justifié depuis lors une si gracieuse appellation. Et néanmoins, dans toute cette riche contrée, sur la terre ferme aussi bien qu’à Tabago, à la Grenade, à Margarita et autres îles nouvellement découvertes, hommes, femmes, enfants portaient des perles en colliers et en bracelets. Colomb en avait même acheté plus de trois livres à Cubagua où il en vit pêcher en abondance.

Ce fut pourtant de cette dernière ile, qu’avec des regrets accrus par une heureuse trouvaille, il partit le 18 août pour l’île de Saint-Domingue, en vue de laquelle il arriva rapidement et sans encombre.

Mouillé dans une anse de la petite île de Beata, il venait le dépêcher secrètement un Indien à ses frères Diego et Barthélemy lorsque ce dernier arriva par mer en toute hâte à sa rencontre. L’Amiral s’attendait à de mauvaises nouvelles, mais ce que lui apprit l’Adelantado dépassait de beaucoup tout ce qu’il avait craint de plus fâcheux.