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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/242

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ses troupes et ne songea plus qu’à faire à l’Adelantado une réception digne de lui-même.

La splendide flore des Antilles fit les frais d’élégance de toutes les fêtes données aux Espagnols. La reine elle-même, dans une sorte de représentation dramatique dont la musique et les vers étaient de sa composition, parut au milieu de ses nymphes, sous un costume uniquement composé de fleurs, mais de fleurs assemblées avec un art qui eût rendu jalouses les premières faiseuses de Séville et de Burgos.

Au reste, ces enchantements enfantins servaient chez Anacoana une politique haute et loyale. En prenant congé de Behechio et de son aimable sœur, Barthélemy, avait voué à cette Isabelle du nouveau monde autant de confiance et de respect que d’admiration.

Tranquille désormais, et ne craignant de la part du Xaragua aucune diversion hostile, il se jeta sur la Vega-Real, où il dut à regret combattre Guarionex, qui, d’allié et d’ami de l’Espagne, avait été poussé à la révolte par de trop justes ressentiments.

Après avoir battu et fait prisonnier ce cacique, qu’il rendit aux prières de ses sujets, il avait puni de mort deux chefs inférieurs, et en même temps l’auteur du principal outrage qui avait fait prendre les armes à Guarionex. Aussitôt, furieux, comme on peut le croire, des fêtes données à Barthélemy, Roldan avait saisi cette occasion de retourner contre l’allié d’Anacoana les armes qu’il en avait reçues avec le titre de Grand-Juge de l’île, et, pendant que son bienfaiteur, retourné dans le Xaragua, y recevait, au milieu d’un nouveau triomphe, le tribut et l’acte de vassalité de Behechio, il s’était érigé en défenseur des Indiens soi-disant oppri-