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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/243

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més par l’Adelantado, et avait rallié à sa cause, sous ce prétexte, leurs véritables, leurs uniques oppresseurs.

À ce moment étaient arrivées d’Espagne les nouvelles les plus défavorables aux Colomb. L’Amiral y était représenté comme en disgrâce, et une des preuves qu’on en donnait, c’était que l’élévation de Barthélemy à la dignité d’Adelatando n’avait pas été officiellement confirmée.

Voilà donc où en étaient les choses, lorsque averti du retour de son frère et l’ayant trouvé aveugle, malade et presque mourant, Barthélemy exposa à Christophe la situation de la colonie et lui en remit le gouvernement.

La première mesure de l’Amiral fut la confirmation publique de tous les actes de son frère, et la condamnation de ceux de Roldan ; en même temps, il écrivit à celui-ci une lettre que sa longueur ne nous permet pas de citer ; on ne comprend pas qu’un honnête homme y ait pu résister.

Roldan n’était qu’un habile homme : peu touché de la lettre, il le fut davantage des considérations que fit valoir près de lui le sage et fidèle Carvajal, qu’on avait d’abord desservi auprès de Colomb ; mais ce grand cœur eut cette qualité, précieuse entre mille, qu’on ne perdit jamais sa confiance, à moins qu’on ne l’eût en effet trahie.

L’événement lui donna raison pour Carvajal comme pour Guacanagari.

L’officier espagnol sut ramener François Roldan, et celui-ci, ne croyant plus qu’à demi à la disgrâce des Colomb, dicta, ou peu s’en faut, à Carvajal une sorte d’arrangement que Christophe