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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/262

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détail — au point que ses gens l’en raillaient — toutes les côtes dites de Costa-Rica, de Veragua, des Mosquitos et de l’isthme de Panama.

Cette exploration si importante pour la science ne s’était accomplie, au reste, qu’en dépit des hommes et des éléments de plus en plus conjurés contre lui. Dans ce havre del Retrete (du cabinet) il avait eu la douleur de combattre des Indiens exaspérés par les sévices de ses compagnons, et bientôt la pression de ces mêmes hommes, démoralisés par tant de misères, l’avait contraint de revenir en arrière jusqu’à un point de la côte de Veragua, où un instant le voisinage des mines d’or lui suggéra la pensée de fonder un établissement ; mais la mauvaise volonté de ses compagnons, l’hostilité des naturels et de perpétuels ouragans ne lui permirent pas de donner suite à ce projet, et le 1er mai 1502, après avoir reconnu l’entrée du golfe de Darien — sa dernière découverte, — il dut reprendre la direction de Saint-Domingue.

Ici nous passerons de plus en plus rapidement sur des calamités si profondes, si répétées, qu’elles en viennent à produire, dans leur détail, la monotonie de l’horreur. Il n’en fallait pas moins pour arracher à une âme aussi ferme que celle de Christophe Colomb les lamentations suivantes : « … En butte à de si nombreuses tempêtes, tourmenté par la fièvre et accablé par tant de fatigues, tout espoir de salut s’était éteint dans mon âme. Cependant je m’armai de tout mon courage, je montai à l’endroit le plus élevé, appelant en vain les quatre vents du ciel à mon secours. Je voyais, autour de moi, pleurer à chaudes larmes los capitaines de guerres de Vos Majestés, Épuisé, je tombai et m’endormis : dans