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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/261

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perdaient courage, — « Mais, écrivait-il aux deux rois, ce qui déchirait le plus cruellement mon âme, c’était mon fils dont l’extrème jeunesse ajoutait à mon désespoir et que je voyais en proie à plus de peines, plus de tourments qu’aucun de nous. Dieu, sans doute, et non pas un autre, lui prétait une telle force. Seul, il ranimait le courage et la patience des marins dans leurs durs travaux. On eût cru voir en lui un pilote vieilli parmi les tempêtes, chose incroyable, inouie, et qui mélait du moins quelque douceur à des peines qui, seules, m’auraient accablé. »

« Ce n’est pas tout, ajoute-t-il un peu plus bas, un souvenir qui m’arrache le cœur par les épaules, c’est que j’ai laissé en Espagne le plus jeune de mes fils, don Diego, privé de son père et dénué de toute fortune ; mais j’espère qu’il trouvera en Vos Altesses des princes justes et reconnaissants qui lui rendront avec usure ce dont votre service l’a privé. »

Lorsqu’il exhalait ces plaintes touchantes, Colomb venait d’être poussé sur les côtes de la terre ferme, à la hauteur du cap Honduras. Un mois après, le 14 septembre, il avait exploré ces mêmes côtes jusqu’au cap Gracias à Dios, et le surlendemain, il mouillait près de la bouche d’un fleuve, que la perte d’un canot avec tous ses hommes lui fit appeler rivière du Désastre.

De ce havre, où de précieux renseignements sur la richesse métallique de la contrée ne l’arrétèrent que le temps de les recueillir, il poussa l’illusoire recherche d’un détroit sur le point même où le génie de l’homme finira tôt ou tard par en créer un.

Du commencement d’octobre à la fin de novembre, bien que malade et souvent perclus, il avait relevé dans le plus grand