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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/265

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mon sommeil j’entendis une voix compatissante qui m’adressa ces mots :

« — Ô insensé ! pourquoi tant de lenteur à croire et à servir ton Dieu, le Dieu de l’univers ? Que fit-il de plus pour Moïse et pour David son serviteur ? Depuis ta naissance n’a-t-il pas eu pour toi la plus tendre sollicitude ? Et lorsqu’il te vit en âge d’accomplir ses desseins, n’a-t-il pas fait retentir glorieusement ton nom sur la terre. Les Indes, cette riche partie du monde, ne te les a-t-il pas données ? ne t’a-t-il pas rendu libre d’en faire hommage selon ta volonté ?… Des chaines qu’on ne pouvait briser fermaient l’accès de l’Océan, il en remit les clefs entre tes mains. Ton pouvoir fut reconnu dans les terres les plus lointaines, et ta gloire proclamée par tous les chrétiens… tourne-toi donc vers lui et reconnais ton erreur, car sa miséricorde est infinie. Ta vieillesse ne sera pas un obstacle aux grandes choses qu’il te réserve : il tient pour toi dans ses mains les plus splendides héritages.

« Abraham n’avait-il pas cent ans lorsque lui naquit Isaac ? Incertains sont les secours que tu appelles… mais les promesses que Dieu a faites, il n’y manque jamais avec ses serviteurs. Ce n’est pas lui qui après avoir reçu un service, prétend que l’on n’a point suivi ses instructions, et donne à ses ordres un sens nouveau. Ses paroles ne renferment rien d’équivoque ; tout ce qu’il a promis, il le donne, et avec usure. Voilà ce qu’a fait pour toi le Créateur. Montre à présent, si tu le peux, quel prix t’ont valu tant de dangers et de maux affrontés pour d’autres…

« Et moi, si accablé que je fusse par la souffrance, j’entendais clairement tout ce discours, mais n’ayant pas la force d’y répondre