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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/29

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rapporterons en son lieu. Notons seulement ici, contrairement à des auteurs qui ne font plus foi de nos jours, que rien dans cette expédition ne fut de nature à lui donner aucune notion de l’existence du nouveau monde.

Au reste, disons-le une fois pour toutes, la vraie gloire de Christophe Colomb n’est pas dans le fait même d’une découverte dont il mourut sans avoir nettement compris ni la vraie nature ni la vraie portée, mais dans la force de jugement et de caractère qui lui fit accomplir cette découverte alors qu’il en rêvait une autre. Ce qui permet de voir en lui un homme presque unique, c’est la réunion en sa personne de toutes les parties qui font le grand homme ; c’est qu’il fut à la fois et au plus haut degré, homme de cœur, d’action et d’intelligence.

Mais de si beaux dons n’auraient pas suffi à le désigner à la Providence pour la mission qu’il lui fut donné d’accomplir, sans la profonde piété qui le défendit toujours de l’orgueil. Ce n’est pas que Colomb n’ait été de bonne heure dans le secret de son génie, ou qu’il en ait jamais douté, devant les dédains de la foule, ni même en aucune des circonstances où ce génie parut un moment s’éclipser ; déjà, avant d’en avoir donné des marques sensibles, il y croyait, se mesurant à la hauteur de ses desseins ; mais, aussi humble devant Dieu que fier devant les hommes, ces desseins mêmes il les fit toujours remonter à une inspiration divine, et tendre à la plus grande gloire de Dieu.

Comme la bergère de Domrémy, le fils de l’artisan génois eut des visions, des songes prophétiques ; comme elle, il entendit des voix l’appelant à de grandes choses, et de même que Jeanne,