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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/43

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vie lui permit de refaire et d’avancer beaucoup son éducation littéraire et scientifique ; éducation dont un de ses derniers écrits nous peut donner en quelque sorte le programme : « Le Seigneur, dit-il dans ses Prophéties, me gratifia abondamment de connaissances dans la marine ; de la science des astres il me donna ce qui pouvait suffire ; de même de la géométrie et de l’arithmétique. De plus, il m’accorda l’esprit et la dextérité pour dessiner les sphères et pour y placer en propres lieux les villes, les rivières et les montagnes. »

Enfin il ajoute, et ce passage est particulièrement à noter ; « J’ai étudié toutes sortes d’ouvrages, l’histoire, les chroniques, la philosophie et d’autres arts pour lesquels le Seigneur m’ouvrit l’intelligence. »

Colomb en cela n’exagère rien : il avait, en effet, pour le temps, une lecture immense, mais à laquelle avait présidé peu d’ordre et de suite. On le voit, sans le regretter, dans tous ses écrits, à la diffusion d’un style où la naïveté du tour, comme le nombre et la richesse des images, font de cet unique défaut une grâce toujours nouvelle.

Ces mêmes écrits, au reste, nous donnent encore, dans les citations qui y surabondent, la liste de ses lectures. On aime surtout à y trouver celles qui préparèrent son esprit ou l’encouragèrent plus tard à la recherche de ces terres occidentales, dont la tradition ou le pressentiment remontent aux premiers âges historiques et vraisemblablement plus haut encore.

Dans le Livre de Job, il découvrait « une terre cachée aux yeux de tous les vivants, même aux oiseaux du ciel, et dont le chemin n’était connu que de Dieu seul ».