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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/44

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Esdras, affirmant que l’Océan n’occupe qu’une faible partie de la terre, ajoutait prophétiquement, et sous l’influence d’une inspiration plus vraie : « Un jour apparaîtra une terre aujourd’hui cachée. »

Enfin, Isaïe, lu et médité sans cesse, apparaissait à Colomb dans ses rêves, et, désignant d’une main l’Occident, complétait par le geste une prophétie plus autorisée que celle d’Esdras, moins vague que celle de Job.

À ces autorités sacrées, fondement d’une foi, qui, chez lui, précéda la conviction, se joignaient celles de nombreux écrivains profanes, et en premier lieu des poètes.

Pour Colomb, l’Atlantide de Platon, ou plutôt de Solon, interprête des sages d’Égypte, était une terre jadis séparée de la nôtre par une révolution physique, et que le génie de l’homme devait y relier un jour.

Sénèque, en effet, n’avait-il pas dit, en des vers plus beaux et mieux inspirés qu’il n’en fit jamais : « Lorsqu’Océan aura brisé les liens par lesquels il enchaîne l’orbe terrestre, et que cet orbe sera ouvert à toute communication, alors, siècles futurs, Thétis vous dévoilera une nouvelle grande terre, et Thulé ne sera plus l’extrémité du monde. »

Cette grande terre que Plutarque ne tardera pas à voir reflétée dans la lune comme dans un miroir, elle existait déjà dans des traditions poétiques bien antérieures à Sénèque, sous la forme d’une île immense située au delà des colonnes de Briarée (plus tard colonnes d’Hercule), Là, suivant le mythe de Théopompe et de ceux qui l’ont embelli, régnait un printemps éternel. Là une