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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/45

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race d’hommes à taille gigantesque (les Patagons de l’avenir) habitaient des villes nommées le Combat ou la Piété. L’or (toujours l’or) y abondait ainsi que les pierres les plus précieuses. Là enfin, Saturne dormait dans une profonde caverne, entouré de génies qui l’avaient servi lorsqu’il commandait encore aux dieux et aux mortels. Ces génies tenaient une sorte d’état des rêves prophétiques du Temps endormi, lequel ne rêvait autre chose que ce que méditait Jupiter. Pas un de ces détails ne pouvait être contesté : un homme de notre monde, un sage, ayant habité cette grande terre des Méropiens, avait révélé à Sylla tout ce qu’il avait appris des génies qui protégeaient le sommeil de Saturne.

Strabon avait écrit, en commentant l’opinion d’Eratosthènes : « La zone tempérée revenant sur elle-même forme entièrement le cercle, de sorte que, si l’étendue de la mer Atlantique n’était pas un obstacle, nous pourrions nous rendre par mer de l’Ibérie (Espagne) dans l’Inde, en suivant toujours le même parallèle… »

Se rendre par mer de l’Espagne dans l’Inde ! Ces termes de l’unique problème que Christophe Colomb se soit proposé de résoudre, n’exprimaient pas chez les anciens une opinion isolée : on les trouve plus ou moins explicitement reproduits chez plusieurs auteurs. Quant à l’étendue de mer dont Strabon se fait un épouvantail, Aristote, ou du moins son école l’avait notablement réduite, et la croyance à cet égard avait tellement prévalu sur les hypothèses contraires, qu’à une époque relativement récente, Sénèque, le même sans doute que nous avons déjà cité, écrivait dans ses Questions naturelles : « Quand l’homme, spectateur curieux de l’univers, a contemplé la course majestueuse des astres,