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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/50

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qu’ils en dévoraient les productions naturelles et y rendaient toute culture impraticable.

On peut estimer, d’après ces tristes détails, quelle était la situation de la veuve du gouverneur de Porto-Santo, lorsqu’une de ses trois filles lui fut demandée en mariage par un prétendant aussi pauvre, mais aussi noble, et non moins désintéressé qu’elle-même.

Christophe Colomb aimait doña Felippa de Perestrello ; il avait su se faire distinguer par elle ; il obtint sa main sans difficulté.

D’un côté, une part à des droits presque entachés de ridicule, à des possessions d’une immensité dérisoire, dans une île inhabitée, inhabitable ; de l’autre, un monde… à découvrir, un rêve, et déjà, sans doute, une réputation de rêveur, tel fut l’apport des deux époux.

Ils habitèrent d’abord sous le même toit que la dame de Perestrello, et Colomb dut pourvoir aux besoins communs à l’aide de ses travaux de cartographie et de son commerce de livres ; mais les hautes relations de sa nouvelle famille fixèrent promptement sur lui l’attention de personnages importants, et même les regards du roi, qu’il entretint de ses voyages et vraisemblablement de ses projets. À l’appui de ceux-ci, ce prince lui fit voir un jour des roseaux égalant ceux de l’Inde par leur dimension, et qu’on avait recueillis flottant sur les côtes des îles Acores.

Colomb apprit en outre que sur ces mêmes rivages on avait vu, poussés par des vents d’ouest, tantôt de grands pins d’une espèce étrangère à ceux de l’ancien monde, tantôt des pièces de bois sculptées avec un art curieux, délicat, mais sans analogie