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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/73

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sent, Colomb ne pouvait refuser de la communauté l’asile qu’elle était trop heureuse de lui offrir.

Cette offre si simplement faite ne fut pas moins noblement accueillie, à la grande joie du jeune Diego, qui, ainsi que son père, prit le même jour le costume franciscain, ce même costume que Colomb avait si longtemps porté autrefois par dévotion, et aussi un peu par économie.

Le séjour dans le couvent fut une période de calme pour Colomb, dont la vie n’eut guère jamais d’autre repos. Il ne paraît pas que, pendant ce séjour de près d’un an à la Rabida, cet infatigable lutteur ait impatiemment souffert les délais apportés à son entreprise. Il avait son fils auprès de lui ; on croyait à son génie ; on admirait son éloquence, sa persévérance, son courage de lion, sa piété d’ange ; on partageait, on enflammait ses espérances, que le digne Juan Perez travaillait de toutes ses forces, de tout son cœur, à réaliser par son crédit sur Isabelle.

Enfin, celui-ci crut pouvoir tenter une démarche lorsque les opérations de guerre contre les Maures eurent conduit les deux rois à Cordoue, où ils paraissaient devoir séjourner quelque temps et se donner un peu de loisir. Colomb partit pour cette ville avec une lettre de recommandation pour le confesseur de la reine ; mais ses propositions ne furent pas même écoutées : il fut traité de visionnaire, et vit la cour s’éloigner de Cordoue sans qu’il eût obtenu un regard de cette Isabelle en qui cependant il croyait toujours.

Le modeste Juan Perez avait trop douté de lui-même : il n’avait pas directement adressé son ami à la reine.