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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/74

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Demeuré à Cordoue, Colomb reprit, pour vivre, ses travaux de cosmographie, recrutant, du reste, chaque jour, des partisans à son système, et se créant de nombreux et puissants amis. Malgré l’humilité de sa situation présente, son mérite se faisait jour à tel point, qu’il lui dut la main d’une demoiselle noble, Beatriz Henriquez, dont il eut bientôt un fils qu’il nomma Fernand.

Ce mariage, rapporté par l’historiographe royal d’Espagne, Antonio de Herrera, rencontra, d’abord dans la famille Henriquez, une opposition qu’on a sans doute exagérée, car, dès son premier voyage, et quand sa future grandeur n’était encore qu’un problème fort disputé, Colomb emmenait avec lui un neveu de doña Beatriz ; et, plus tard, un jeune frère de cette dame commandait un des navires de la troisième expédition.

Les deux époux, au reste, ne devaient goûter que bien peu des douceurs qu’ils s’étaient promises : Colomb ne s’appartenait pas, et s’il l’avait oublié et fait oublier un instant, doña Beatriz s’en souvint à l’heure des séparations, et se résigna noblement à la seule grandeur qui pût l’élever jusqu’à son époux : l’abnégation. Elle se donna tout entière à l’éducation de son fils et du premier-né de Colomb, qui lui fut bientôt confié. Ne voyant son mari qu’à de longs et rares intervalles, elle vécut obscurément, mais dignement et utilement, près de sa famille à Cordoue.

Colomb ne lui était pas uni depuis un an, que la cour militante des deux monarques ayant pris ses quartiers à Salamanque, il dut se rendre en toute hâte en cette ville, où l’appelait Gonzalez de Mondoza, archevêque de Tolède, grand cardinal d’Espagne, auquel l’avaient recommandé ses amis de Cordoue. Il eut bientôt gagné