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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/85

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aride que celui de l’Université, La féconde parole de Juan Perez lui avait suscité, en son absence, des amis et des adeptes à miracle. Le médecin Juan Hernandez, non seulement croyait au système, mais encore il voulait être du premier voyage, comme il en fut effectivement. Non moins fervent et plus utile, un Martin Alonzo Pinzon, des meilleurs marins et des plus riches armateurs de Palos, offrait de concourir pour une large part aux frais d’expédition.

De si flatteuses adhésions, de si vives instances ne pouvaient manquer de fléchir le ressentiment de Colomb, si justes qu’en fussent les motifs.

Un soir, le voyant ébranlé, Juan Perez, qui avait enfin pris sur lui d’écrire directement à la reine, montra la réponse engageante qu’il venait d’en recevoir à l’instant même, et par laquelle il était mandé à la cour. Christophe Colomb se rendit, et au premier signe qu’il eut donné, le père gardien fit seller une mule d’emprunt, et partit à minuit, sans escorte, sans guide, seul. Il traversa ainsi environ cent lieues d’un pays récemment conquis sur les Maures, et arriva enfin, non sans peine, mais sain et sauf, devant Grenade, dont les deux rois pressaient le siège. Le bon moine avait, lui aussi, son siège à faire et à presser. Admis sans délai près d’Isabelle, il écrivait le jour même à Colomb : « Je suis venu, j’ai vu, Dieu a vaincu. »

Isabelle, en effet, n’avait pas seulement renouvelé à Juan Perez les mêmes assurances qu’à Christophe Colomb ; elle mandait celui-ci près d’elle, avait les plus honorables instances, et lui faisait passer une indemnité de voyage et de séjour.

Un fait encore de meilleur augure, c’est que Colomb sembla