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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/88

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au nom d’Isabelle, il ouvrit le pli, et au lieu des promesses qu’il croyait y trouver, et qui sans doute ne l’eussent pas fléchi, il put lire la minute des lettres patentes accordant tout ce qu’il avait demandé.

Bientôt nous le verrons énumérer lui-même les honneurs et les privilèges qui lui étaient conférés par la reine, car c’était bien à Isabelle, à elle seule, qu’il devait cette acceptation pure et simple des conditions posées et maintenues, avec tant de dignité, par lui-même devant la junte.

Mais à qui devait-il cette soudaine et si décisive intervention d’Isabelle ? Ai-je besoin de dire que c’était à Juan Perez.

Le bon père n’avait pas plutôt appris la triste décision de la junte, que, sans tenter d’inutiles efforts près de celui qu’elle accablait, il avait couru droit à Isabelle. Là, soutenu par le fidèle Quintanilla et cette belle duchesse de Moya, dont, faute d’une mention plus étendue, le nom devrait être ici inscrit en lettres d’or, le courageux franciscain plaida la cause du génie, non pas contre Isabelle, qu’il trouva toute persuadée, mais contre Ferdinand, qui, au fond, ne l’était guère moins. Aussi, sa résistance n’avait-elle rien de dogmatique, elle s’appuyait uniquement mais obstinément sur l’épuisement du trésor. Cette éternelle objection était, à vrai dire, la seule qui, depuis tant d’années, tint la question suspendue. La reine, pour en finir, eut une inspiration sublime ; elle jeta dans la balance tous les diamants, toutes les pierreries de sa couronne, les offrant en gage pour les frais de l’expédition.

Le roi Ferdinand s’inclina avec sa grâce ordinaire, mais en laissant à la couronne de Castille les risques et périls de l’entre-