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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/97

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abrégés, et dont il ne nous a transmis textuellement que quelques parties, le début entre autres. Ce dernier morceau est d’autant plus précieux, qu’il donne plus naïvement la mesure de la prudence de son auteur, dans le détail rappelé avec insistance des avantages et privilèges qui viennent de lui être accordés. Il justifie en outre cette même prudence, sur un point où des écrivains, bien intentionnés d’ailleurs, ont cru la voir céder aux inspirations de la plus aveugle témérité.

La plupart des historiens, en effet, ont cru ajouter à la gloire de Christophe Colomb en exagérant le faible tonnage et le délabrement des navires sur lesquels il entreprit son premier voyage de découverte. La vérité, aujourd’hui mieux connue, sur ce point comme sur bien d’autres, est que, en cette occasion si importante, il ne fit rien que désavouât la prudence, le but et les circonstances étant donnés. Autant, de nos jours, un amiral serait insensé et même coupable d’entreprendre une expédition si chanceuse dans les conditions où Colomb entreprit la sienne, autant, s’il en eût exigé de plus sûres, un marin du xve siècle aurait été pusillanime.

La Santa Maria que montait Colomb, et qu’il eût préférée moins forte, était entièrement pontée, avec double pont à l’avant et à l’arrière. Elle portait quatre mâts : deux à voiles carrées, deux à voiles latines, et mesurait quatre-vingt-dix pieds de longueur en quille. Son équipage se composait de soixante-six hommes, dont les plus importants étaient : Diego de Arana, neveu germain de la femme de l’Amiral, ayant qualité de grand alguazil de la flotte, et quatre autres fonctionnaires royaux, dont un, Bernardin de Tapia,