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Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/15

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aucune envie, ce qui prouve peut-être, que je ne suis pas né méchant. Ce frère, cause involontaire de mon infirmité, le Benjamin de mon père qui n’avait pu se résigner à le mettre au collége, ce charmeur dont les espiégleries, les impertinences mêmes, avaient le secret d’amener un sourire sur les lèvres crispées de son précepteur, ne m’inspirait qu’un désir passionné de le connaître. On lui faisait croire que j’étais élevé à l’étranger, et j’avais reçu l’ordre formel de le laisser dans cette erreur. Ce fut sans doute à sa prière que le temps de mon exil fut abrégé.

Un beau soir, après la distribution des prix, lorsque je me disposais à entreprendre, comme d’habitude, quelque tournée instructive, j’appris que j’allais rentrer dans la maison paternelle pour ne plus la quitter.