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Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/16

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J’avais alors terminé mon éducation, c’est-à-dire que je savais tout ce qu’on enseigne aux Sourds-Muets à l’aide des signes et des figures écrites, et que j’étais muni de la clef par laquelle s’apprend tout le reste : j’aimais la lecture et j’avais une excellente mémoire ; enfin mes voyages avaient développé en moi une disposition à l’enthousiasme, que la sécheresse même de M. Furey ne parvenait pas à éteindre. Les gens de N*** ne m’en demanderaient pas tant, au dire de ce dernier, qui enveloppait indistinctement les provinciaux dans un souverain mépris.

N*** est un grand village d’origine fort ancienne, que l’absence de chemin de fer prive de toute communication avec le dehors. Quoiqu’il soit peuplé à peine, les rares habitants parviennent à se diviser en coteries hostiles.