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Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/19

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défaillir, mais au même instant deux bras se nouèrent autour de mon cou, et de chauds baisers me couvrirent le visage. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’il me fût possible de jeter un premier regard sur mon frère. Il me parut beau comme un jeune dieu, d’une beauté qu’idéalisait certainement l’émotion et que je n’ai plus rencontrée chez personne. À peine âgé de dix-neuf ans, il me dépassait de toute la tête, et ses façons résolues, déjà viriles, contrastaient si visiblement avec ma timidité presque enfantine, que je ne me sentis nullement humilié de l’air de protection qu’il prit pour me conduire à mon père. Je n’avais pas même aperçu M. de Brenne quoiqu’il fût à deux pas, sur le perron qui conduit aux jardins : la bienvenue de Gérard m’avait fait oublier jusqu’à son exis-