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Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/18

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pour délivrer de notre poids les chevaux fatigués, qui escaladaient à grand’peine des rues étroites et tortueuses. Je marchai un quart d’heure environ à ses côtés, répondant machinalement aux saluts qu’on nous envoyait. Mon cœur battait très-fort, et je ne pouvais plus dire si c’était d’impatience ou d’effroi. J’allais enfin connaître mon cher Gérard et le monde, mais quel accueil me réservaient et le monde et Gérard ? J’étais comme le papillon aux ailes neuves, sur le seuil de sa prison qui s’entr’ouvre, prêt d’émerger à la lumière, et qui hésite, ébloui, effaré, tenté de rentrer dans la nuit, tant il a peur de l’inconnu. Ma respiration se suspendit tout à fait, lorsque mon guide mit la main sur le marteau d’une immense porte cochère, en me faisant signe que nous étions chez moi. J’allais