Aller au contenu

Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

82
HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

Je vois un brasier s’allumer, je crois à un incendie. Quelle est ma surprise d’apprendre qu’un crapaud voyé est la cause de tout ce tapage, et que les habitants de la chambre où on l’a trouvé n’ont rien pu imaginer de mieux pour le détruire que d’allumer un cercle de feu autour de lui, au risque de faire flamber la maison ! Ce crapaud n’était autre qu’un crapaud de la Dominique, grenouille géante fort appréciée des gourmets, que j’avais dans ma cour depuis plus de deux mois. On m’en avait envoyé une demi-douzaine de l’île qui les produit, et je les laissais dans une jarre, ne pouvant me résigner à voir figurer ce mets sur ma table. L’un d’eux réussit à s’échapper et fut assez mal inspiré pour sauter par-dessus le mur. Tombé sur le toit, il était entré par une lucarne dans la chambre haute, où le cri ion crapaud voyé avait attiré bien vite une trentaine de personnes.

— À force d’aller à l’école, les nègres ne croiront plus à ces bêtises, n’est-ce pas, mon oncle ? dit Max.

— Il faudra du temps pour chasser de leur tête les lubies de sortilèges, de philtres et d’empoisonnements, répondit M. Desroseaux, et quant à éclairer des vieillards comme Trésor, c’est impossible ; ils tiennent à leurs idées ; d’ailleurs, ce-