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Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/12

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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

d’exploitation et les cases à nègres couvertes en paille qu’abrite contre le soleil tropical le feuillage échevelé des cocotiers. Ces habitations, — c’est le nom que portent aux colonies les grandes propriétés rurales, — se blottissent dans les gorges fertiles que bornent à droite et à gauche les Mornes, montagnes détachées de la chaîne principale qui, partageant l’île dans le sens de la longueur, forme une sorte d’arête de poisson. Elles s’échelonnent jusqu’au point où commencent les forêts inaccessibles, entrelacées de lianes gigantesques. Au-dessus de cette couronne de verdure se dresse encore le sommet chauve de la montagne Pelée, volcan éteint dont la couleur varie, selon les jeux de la lumière, du gris verdâtre au gris doré, quand elle n’est pas voilée par les grains qui, souvent, s’abattent sur les Mornes.

À l’époque où commence notre récit, l’habitation sucrière de M. de Lorme était la plus importante du quartier de l’île appelé le Macouba. En parlant de son importance, nous voulons dire que ses champs de cannes couvraient une très vaste étendue, car, du reste, rien ne ressemble moins à un château, ni même à une élégante villa, que la maison créole. Elle est basse,