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Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/13

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UN TERRIBLE ENFANT.

afin de pouvoir braver les coups de vent ; des planchettes superposées, qui s’abaissent ou se relèvent à volonté pour laisser passer plus ou moins d’air et de jour, tiennent lieu de fenêtres. Le luxe intérieur est inconnu, les insectes s’attaquant aux rideaux et aux sièges en étoffes ; les lits sont uniformément enveloppés de moustiquaires ; quant au salon, on l’abandonne d’ordinaire pour la galerie ; celle-ci est une sorte de long vestibule encombré à ses deux extrémités de barriques et d’ustensiles de ménage. Le milieu sert de salle à manger.

L’heure du déjeuner avait sonné depuis longtemps ; la chaleur était déjà intense. Dans la longue galerie, M. et Mme de Lorme étaient à table. Leurs regards inquiets se tournaient souvent vers la porte.

« Décidément, dit M. de Lorme à sa femme, qui répondit comme de coutume à cette ouverture par un profond soupir, décidément, il serait temps de songer à l’éducation de Yette. »

L’apparition tardive de Mlle Yette vint justifier l’air d’inquiétude et de découragement, du père de famille. Après s’être fait attendre une heure et laissé chercher partout, Yette entrait comme un ouragan, les cheveux en désordre, sa gaule