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LES ADIEUX.

compte de Yette. Ce fut une confession complète, la confession des parents, il faut le dire, bien plus que celle de la petite fille. M. et Mme de Lorme s’en remettaient à M. Darcey pour le choix d’un pensionnat, et lui donnaient, à lui et à sa femme, tous les droits dont, quant à eux, ils n’avaient pas su bien user.

La réponse ne se fit pas attendre. Brièvement, selon sa coutume, et dans des termes un peu secs, car il avait toujours préféré l’action aux phrases, M. Darcey déclarait accepter la responsabilité dont on le chargeait, et indiquait comme excellent le pensionnat de Mlle Aubry, où avait été élevée sa fille.

« Non pas que ma fille soit un modèle, ajoutait-il, mais ses défauts appartiennent au monde où sa mère, malgré mes conseils, l’a conduite un peu trop tôt, tandis qu’elle ne doit rien que de bon à la personne distinguée qui l’a dirigée toute jeune. L’enfant indisciplinable dont vous me parlez se transformera chez Mlle Aubry. Tous les petits créoles sont insupportables, c’est convenu, et presque tous, sous une règle judicieuse, deviennent charmants. »

À la lettre de M. Darcey, aussi concise qu’une lettre d’affaires, Mme Darcey avait joint le plus

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