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Page:Bergerat - Les Cuirassiers de Reichshoffen, 1870.djvu/14

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Qu’ils sont beaux ces guerriers, dans la mort résolus !
Ils volent franchissant les fossés, les talus,
Et leur ombre autour d’eux-bondit, flotte et s’allonge ;
Et l’ennemi disait : « Que vont-ils donc oser ?
Quel combat fabuleux viennent-ils proposer ?
Nocturnes cavaliers, font-ils la guerre en songe ?… »

Ils la font ! Les voilà. Balayant le terrain,
L’escadron est entré dans la masse d’airain
Comme au lit d’un torrent les neiges en déroute !…
Épaississez vos rangs ! entre-croisez vos fers !
Déchaînez la mitraille !… Ils passent au travers…
On leur a dit : « Allez. » Ils se taillent leur route.

Bientôt tout se fondit, et l’on ne les vit plus ;
Et le vallon s’emplit d’un mélange confus…
Le regard seul de Dieu les distinguait dans l’ombre…
Ainsi va dans l’orage un vaisseau démâté :
Il plonge, se redresse et surnage, emporté
Par l’aquillon, tournoie, — et sombre.