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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/334

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jeune romantique et il faut croire qu’il ne leur fut pas rebelle, puisqu’il voulut laisser à Albertus une partie de sa bibliothèque, en souvenir d’Henri IV peut-être un peu, mais plutôt par amour des belles-lettres que de tout temps, et aujourd’hui encore, on cultiva dans sa lignée.

C’est entre ces bouquins poussiéreux que l’auteur des Grotesques découvrit ce Scalion de Virbluneau, sieur d’Ofayel et ses Loyales et Pudiques Amours, pièce introuvable, même à la Bibliothèque Nationale, dont il fit revivre si drôlement la figure macaronique abolie.

À cette vente, dont je parle ailleurs, la déception des amateurs fut vive de ne trouver aucun « romantique », même les siens, au catalogue. Il n’avait jamais conservé ses princeps, dont la valeur était déjà considérable et je vois encore son étonnement, d’ailleurs ravi, lorsque José-Maria de Heredia vint le prier de mettre sa signature sur un exemplaire d’Émaux et Camées de la première édition de Poulet-Malassis.

— Mais la deuxième est bien plus complète, lui disait-il, Charpentier y a ajouté des pièces qui n’avaient pas paru dans la Revue des Deux Mondes ! Est-ce que vous avez des livres pour ne pas les lire ?

Il lisait, lui, les siens, nuit et jour, et jusqu’à ce qu’ils lui tombassent des mains. Il lisait honnêtement, respectueux de tout effort et ne battant froid à aucune signature, lui apportât-elle la provocation d’une école opposée à la sienne, mais, la dernière page avalée, il posait le volume n’importe où et ne s’en occupait plus. Le visiteur était parti. Il ne faisait pas relier ceux-là mêmes qu’il aimait le plus : Stendhal, Musset, et Victor Hugo pas davantage.