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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/396

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XIV

LE « THÉÂTRE » DE THÉOPHILE GAUTIER


Il n’est point de poète qui ne se soit essayé au théâtre et qui, malgré l’opinion reçue, n’y ait réussi. La scène est du domaine des Muses. Ceux qu’elles n’ont point marqués au front peuvent, au milieu de la confusion régnante des métiers, surprendre un instant la faveur publique et même illusionner la critique, rien d’eux ne survit à l’engouement dont ils bénéficient par aventure et le succès même les abat.

Si l’art dramatique est un art, et il est cet art, c’est précisément en ceci qu’il n’est et ne peut pas être une profession. On n’apprend pas à faire une pièce, et l’erreur énorme de l’Oncle, comme autant celle des Neveux, fut de croire, hélas ! et de prêcher, qu’il y a des règles, une norme, des procédés, une tradition aristotélique pour la composition d’une comédie ou d’un drame. Il n’y en a pas, et c’est ici une besogne où chaque ouvrier se forge son outil lui-même. Si c’est Racine qui sait le théâtre, c’est Sha-