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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/416

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— Oui… oui… elle y va !…

Et les mains sur les genoux, le nez dans la barbe, il toussait de rire à l’idée qu’il imaginait de la fausse sortie de Pétronille. Puis aussitôt il rentrait chez Morphée.

— Secoue-toi un peu, voyons. Veux-tu un petit verre ?

— Je t’entends très bien… Elle y va…

— Alors Durandot entre, et il trouve Durand, son cocu…

Ce mot de cocu lui produisait invariablement un effet immédiat. Il relevait les paupières et renaissait aux contingences. J’obtenais, en le lui jetant dans les oreilles, quelques secondes d’attention et un effort d’intérêt à la pièce, momentané.

— Lorsque Durand est avec Durandot, qu’est-ce qu’ils se disent ? Tu te rappelles la situation.

— Non. Durand est cocu… Je t’entends très bien… Ne crie pas si fort… Tu vas réveiller la bonne.

— Il faut bien pourtant que Durandot dise quelque chose. Lève-toi un peu, marche… Ils ne se regardent pas dans le blanc des yeux, Durand et Durandot.

— Fais venir Durantin… Moi, personnellement, je m’en fous.

Et il s’éclipsait aux pays des songes.

À onze heures sonnant, il se réveillait comme à la diane.

— Je te quitte, souriait-il, il y a une première ce soir. Il faut que j’aille voir comment ça a marché. Je suis critique.

Et il ajoutait en me serrant la main :

— Nous avons bien travaillé, mon carpolin. La