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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/44

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de tomber au Cap l’année même, celle-là, 1867, où un nègre trouvait dans un champ le diamant de trois cent mille francs qui décida du sort de l’Afrique méridionale.


Le peintre qui avait vu, du port, la jeune Norvégienne à sa fenêtre, s’appelait et s’appelle toujours, car, grâce à Dieu, il vit encore, Philibert Florence. Dans son beau pays de lumière, où les septuagénaires abondent, les octogénaires ne sont pas rares, et Florence est de Monaco même, sujet de l’aimable et savant prince qui gouverne ce royaume de Fantasio, et « prix de Rome » de son gouvernement. Saviez-vous que les Grimaldi se fussent payé des prix de Rome ? Il en est ainsi cependant, et mon vieil ami avait été envoyé dans la ville de Raphaël sur la cassette de Charles III, puis il en était revenu pour décorer le palais de son souverain dont ses fresques ornent la cour intérieure. À la mort de ce protecteur, qui, on le sait, était aveugle, le peintre, dépourvu de commandes, s’était réfugié à Menton et il y donnait des leçons d’aquarelle, d’après nature, aux étrangers, dans les torrents pleins de roses.

Il fut mon premier camarade, et par lui m’en vint un autre, qui était bien le plus drôle de corps que la nature ait offert à la société. Il avait nom Alexandre Grand et il était, je crois, de Boulogne. Après une vie de misère exagérée, même pour un bohème, il est allé mourir à Hanoï où, à titre de maître d’école, il initiait les petits Tonkinois aux lois confuses de nos participes. À Menton, il se préparait déjà à cet exercice par une étude comparée du verbe gallo-