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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/74

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résistance au wagnérisme, qui, selon moi, n’a pas eu d’autre cause sérieuse. Je n’ai connu que Victor Hugo qui, plus que Paul Déroulède, fut rebelle aux jeux du son, car, pour Théophile Gautier, ce qu’on en a écrit est une légende. Mon maître était sensible, docte même, en musique ; il aimait entre toutes celle de Weber et le premier article qui ait été écrit sur Tannhäuser, en France, est de sa plume et de son encre. Mais pour Victor Hugo, l’horreur de l’harmonie montait jusqu’à la haine. Je l’ai entendu, avenue d’Eylau, chez lui, la charger de ses imprécations grondantes :

— Les poètes, oui, notre pays en a de bons, de grands, toujours. Ses peintres sont charmants. Ses statuaires nous rendent une Athènes. Quant aux musiciens, qu’ils crèvent !…

La malédiction est textuelle.

Mais j’en reviens à mon Paul Déroulède, le mien, celui que la politique m’a pris avec la période héroïque de ma jeunesse, et que j’exhume, les yeux un peu humides.

Ce culte frénétique pour Alfred de Musset, qui avait, du reste, été l’ami et même le collaborateur de l’oncle Émile Augier, avait conquis au neveu un éditeur, celui précisément du poète des Nuits, le célèbre Gervais Charpentier.

Dans l’histoire du livre ou plutôt de la librairie, Gervais Charpentier a joué un rôle considérable. La « Bibliothèque » qui porte son nom, et qu’il a fondée, inaugura à Paris le règne du volume in-18, à trois francs cinquante, et tua le format in-octavo, à sept francs, dit : des cabinets de lecture. Le novateur lui dut sa fortune. Aussi bien avait-il su la composer