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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/81

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ques, orphéonisés de chœurs à fenêtre ouverte, m’avaient valu des avis précieux du seigneur concierge, drogman de la propriétaire. Invisible encore, un congé de Damoclès oscillait sur ma tête, au bout d’un fil.


Un matin que Maurice Dreyfous, qui demeurait à Neuilly, dans sa famille, était venu, en pantoufles, selon ses mœurs, m’expliquer le mécanisme social du loyer à termes et des quittances, un coup de sonnette impérieux vint interrompre sa démonstration savante. Qui diable pouvait s’annoncer avec une telle autorité, sinon le drogman lui-même, collecteur des dîmes locatives ? Le jour en effet, était son jour. Nous nous barricadâmes.

— Ouvre donc, nom de Dieu, jura une voix impatiente et familière à mon oreille.

C’était Zizi.

— La Revue Nationale n’existe plus, fit-il, ma valise est en bas. Allons déjeuner, je paie les bivalves.

— Qu’est-ce qui t’arrive ?

— Nous avons tout le temps d’en jaspiner. Il me faut quinze jours. As-tu un matelas ?

— J’ai même un sopha, et voici le poète Maurice Dreyfous, que je te présente, dont la spécialité est de porter les valises à bras tendu. Il s’enorgueillira d’aller chercher la tienne.

Ainsi se lièrent ces deux jeunes hommes qui, marqués du signe éditorial, devaient, un jour, s’associer pour l’exploitation de la Bibliothèque du vieux Gervais Charpentier. Consigne-le sur les tablettes, Clio de la Librairie Française !