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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/137

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Enfin, parle ? Il n’y a pas de fumée sans feu, pas plus que de feu sans fumée du reste, et le bruit court que tu caches, par respect pour Vaulabelle, des choses décisives pour la gloire du Duc d’Angoulême.

— Puisque je suis trahi, voici. Il est notoire que s’il n’a pas été le dernier des Bourbons ce ne fut pas sa faute.

— Oui, mais comment ?

— Il se livrait dans l’ombre aux pratiques bibliques d’Onan ou mythologiques de Narcisse. Mes aïeux ne m’en ont pas dit davantage.

— Tu sais tout alors. Me voilà tranquille, mais j’ai eu peur. Mon duc d’Angoulême était fait, et ce n’est pas mal, tu verras.

Et le bon géant me serre la main et s’en va. Le sable du jardinet craque sous ses pas. Il enfile l’allée sans pousser la porte, je l’entends, je le vois… Il y a trente et un ans qu’il est parti pourtant. Oh ! que les glas sonnent longtemps dans la sonorité profonde de ma mémoire !

Voici comment je connus Flaubert. Lorsqu’à la mort de son « daron » Georges Charpentier eut hérité de la célèbre Bibliothèque du Quai de l’École, son premier souci fut de l’enrichir des plus beaux écrivains de l’époque. L’auteur de Salammbô tenait le haut rang de l’élite. Or son œuvre se trouvait être disponible. Georges, sachant l’affection qu’il portait aux enfants de Théophile Gautier eut l’idée de prier sa fille cadette de lui obtenir cette œuvre pour son catalogue ; l’affaire fut faite dès la première requête. Le bon géant était accouru de Croisset nous apporter lui-même sa réponse.

— C’est comme si ton père me le demandait,