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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/319

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de 1828, et s’il l’aime, ce qui n’est pas douteux, il y a l’hygiène, dont Platon ne parle pas assez dans sa République. Enfin le petit palais est sombre avec ses rideaux tirés, tout le temps, contre le jour d’où vient la joie. Elle est jalouse et elle s’adorne de vipères métaphoriques.

L’abîme du sexe est sans fond.


VIII

Et dévote.

J’en ai eu la preuve dans sa chambre à coucher qu’Alfred, à toute force, a voulu me montrer, malgré ma résistance désespérée. Il m’aurait boxé.

Il y a deux lits. Ils sont tous les deux en bois d’ébène incrusté de porcelaines peintes et couverts de soie noire brodée au chiffre du ménage avec ornements de pourpre et d’or. Du saxe, du saxe et du saxe. Du Chaplin, du Chaplin, du Chaplin, toute « la vie des seins » et jusque sur les petites portes du petit meuble où l’on souffle la chandelle.

Mais au-dessus du sien, à elle, deux anges gardiens, énormes, d’une peinture atroce, se penchent bénévoles, et président à ses rêves, quels qu’ils soient. Et des crucifix de toutes parts, en ivoire, en bronze, en stuc, en bois, en pain d’épice peut-être, et encore aux quatre angles, bénitiers sur bénitiers où les buis se fanent et se dessèchent.

J’allais oublier le prie-Dieu, au pied du lit, comme à l’Escurial. Je vous le dis en vérité, ce dormoir est abominable. Il l’est par le pêle-mêle effarant d’icônes religieuses, de mythologies clodionesques, de faïences