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Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/186

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Un troisième chœur joyeux me paraît plus empreint encore que les deux précédents de cette affection du peuple pour son roi ; c’est celui :

Vivez, coulez des jours dignes d’envie !

Il est à reprises, comme ces airs dont j’ai signalé l’incompatibilité avec la vraisemblance dramatique. Mais ici le défaut de cette forme disparaît, parce que la première reprise de chaque fragment chantée par les coryphées seuls est répétée ensuite par le grand chœur, comme si le peuple s’associait au sentiment exprimé d’abord par les principaux amis d’Admète. La répétition de chaque période est ainsi parfaitement justifiée. Le chant placé sur les deux vers :

Ah ! quel que soit cet ami généreux
Qui pour son roi se sacrifie…


est d’une rare beauté, et les mots son roi y forment une sorte d’exclamation dans laquelle les sentiments affectueux du peuple se révèlent avec force et une sorte d’admiration. Vient maintenant un autre chœur dansé, où tout ce que la grâce mélodique a de plus séduisant est répandu à profusion. On chante :

xxxxxParez vos fronts de fleurs nouvelles,
xxxxxTendres amants, heureux époux,
Et l’hymen et l’amour de leurs mains immortelles
xxxxxS’empressent d’en cueillir pour vous.

Et l’orchestre accompagne doucement en pizzicato. Tout n’est que charme et voluptueux sourires, on se croit transporté dans un gynécée antique, on imagine voir les beautés de l’Ionie enlacer aux sons de la lyre leurs bras divins et balancer leur torse digne du ciseau de Phidias.

Le thème de ce délicieux morceau a été, je l’ai déjà dit, emprunté par Gluck à sa partition d’Elena e Paride. Il y a ajouté les deux strophes chantées par une jeune Grecque, qui ramènent la mélodie principale avec un si rare bonheur, et