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Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/12

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d’actes qui ne contiennent pas de chœurs, nous sommes prisonniers dans les foyers. Là il fait sombre comme dans l’entre-pont d’un vaisseau, il sent l’huile à quinquets, on est mal assis ; on y entend raconter en mauvais termes de vieilles histoires moisies, répéter des mots rances ; ou bien le silence et l’inaction nous écrasent à la fois, jusqu’au moment où l’avertisseur vient nous faire rentrer en scène… Ah ! le métier n’est pas beau, croyez-le. Faire des cinquantaines de répétitions pour se fourrer dans la tête les parties de chant presque inchantables des compositions nouvelles ! apprendre par cœur des opéras qui durent de sept heures à minuit ! changer jusqu’à six fois de costume par soirée ! rester parqués comme des moutons, quand il n’y a rien à chanter, et n’avoir pas, en somme, pendant ces interminables représentations, cinq minutes de bon temps !!… Car nous n’imitons pas vos artistes d’Allemagne, qui se permettent d’exécuter à demi-orchestre les ouvrages dont ils font peu de cas. Nous chantons tout dans tout. Certes, si nous prenions ainsi la liberté de donner de la voix seulement dans les partitions qui nous plaisent, les cas d’esquinancie seraient rares parmi les choristes de l’Opéra. De plus, nous chan-